Hugues Di Francesco ou l’itinéraire d’un enfant d’ici…

L'apprentissage:

L’histoire commence à Amélie les Bains en 1974. Hugues Di Francesco grandit au sein d’une famille où la musique prend une place primordiale.

C’est au Collège qu’il découvre la pratique de la guitare avec son ami Alain Casenova (déjà).

Très vite, la scène le démange. En 1989, alors qu’il n’a que 15 ans, il intègre son premier groupe de rock’n roll et rockabilly, les « Dixie Boys ». C’est avant tout une bande de copains qui se produit dans des bars et anime les places de villages. Bien que le maître mot soit l’amusement, le contact du public se présente à lui comme une expérience déterminante. C’est une révélation. Il fera de la scène d’une façon ou d’une autre…

Hugues intègre ensuite le groupe de rock « Black Moon » on est en 1991. Durant cinq ans, il aiguise son arme, la guitare, et commence à prendre le micro. S’ensuit une progression vers la professionnalisation artistique. Mais Hugues ne se berce pas d’illusions. Le monde du spectacle, il en a certes viscéralement besoin mais c’est un milieu extrêmement instable et aléatoire. Il assure donc ses arrières en exerçant en parallèle, la profession de préparateur en pharmacie. Il exercera ce métier durant 15 ans ménageant tel un équilibriste les deux activités.

En 1996, il quitte « Black Moon » pour intégrer le groupe « Medellin » avec notamment Daniel Serres et Alain Casenova qui y est guitariste. Hugues occupe la place de chanteur principal. Ce groupe de bal sera un tournant dans sa carrière. « Medellin » joue notamment des morceaux festifs en animant entre autres des ferias et des fêtes populaires. L’atmosphère de la formation commence à drainer des aficionados. On suit alors « Medellin » pour son esprit festif, pour son petit plus, pour sa marque de fabrique. L’esprit « Al Chemist » est créé.

La création d’une institution : le groupe « Al Chemist »

Hugues et Alain Casenova les deux amis du collège d’Arles sur Tech se retrouvent donc au sein de « Medellin » et décident ensemble de créer un duo. D’abord sous le titre « Alchemy » dont la forme un peu trop anglophone est catalanisée en « Al Chemist », les deux compères se baladent de place en place avec des compositions festives et joyeuses. « On ne misait pas un kopek sur le projet » diront-ils du départ de l’aventure. Mais c’est un fait, devant le succès immense de l’affaire, Hugues se voit contraint d’arrêter sa profession de préparateur en pharmacie pour se consacrer pleinement au groupe « Al Chemist ».

On est en avril 2008. L’ancien préparateur en pharmacie nous propose avec son acolyte Alain d’autres médicaments : 3 albums aux titres incontournables et aux paroles accrocheuses qui font d’eux des artistes populaires au sens le plus noble. Dès le 1^er album « Schyzo-musico-thérapie » c’est la consécration. Ils deviennent Hugues et Alain des Al Chemist comme si « des Al Chemist » était leur nom de famille. « Le Perthus », « l’escargot catalan », « la rousquille » et dernièrement « la baradrille » sont des titres qui restent en tête et font partie désormais du Patrimoine. Incontournables dans le paysage culturel local, ils restent des artistes engagés donnant de leur temps et de leur énergie à diverses et honorables causes défendues par les associations (Restos du cœur, ADAPEI, Mucovie66, actions aux bénéfices d’enfants malades, V2r…). « Al Chemist » est une formidable aventure humaine, une véritable Alchimie qui n’est pas prête de s’arrêter (la formule évolue d’ailleurs) car comme toute bonne recette, on en redemande.

Premier album : Le nouveau souffle

Hugues Di Francesco est et reste un artiste. Un vrai. Même s’il semble en permanence « faire le couillon » comme il le revendique, il sait manier les mots et les notes avec une sensibilité et une justesse incroyables.

Ainsi, en 2006 en parallèle du groupe « Medellin » des ailes lui pousse dans le dos. Il ressent le besoin impérieux de créer ses propres compositions. Il signe un premier album tout en finesse et en profondeur intitulé « Le Nouveau souffle » en tant qu’auteur – compositeur – interprète. Aidé d’André Margail (guitariste ayant collaboré avec notamment Gérald De Palmas, Niagara, Lio, Tcheky Karyo), l’album comportera 6 titres notamment « Elle ne m’a pas laissé de bruit » qui se retrouvera dans un second album solo « De la Terre et du Cœur ».

Fort de son expérience et de son amour pour le Pays Catalan, il créé en collaboration notamment de Richard Serra, guitariste aguerri qu’il rencontre au sein du groupe « Medellin », l’album « De la Terre et du Cœur ». Celui-ci est certainement le projet dont il est à ce jour le plus fier. C’est son second bébé après « Al Chemist » dira-t-il. Cet album se compose de 13 titres avec lesquels Hugues nous propose un voyage à travers des souvenirs et des lieux qui ont marqué tant sa vie d’homme que celle d’artiste. Il aborde son histoire familiale (ses grands parents Marcel et Anna, sa mère) mais aussi des endroits chers à son cœur (Amélie les Bains, Vinça, La Place du Puig del Mas à Banyuls sur mer, Collioure). Ce projet est à la fois une continuité en tant qu’artiste mais également l’album du partage : D’autres artistes aussi animés de la même fierté d’avoir été bercés sur cette terre et d’y vivre encore, ont fait l’honneur d’y participer. Bruno Caliciuri (Cali) et Olivier Martinez (Kanélé) prêtent admirablement leurs voix sur la chanson « une nuit sur les hauts de Collioure », Gérard Jacquet offre un duo magnifique sur le titre « Sous la treille » sur lequel apparaît également le jeu de guitare du talentueux et ami de toujours Alain Casenova et l’harmonica de Chris The Cat habille remarquablement « Marcel et Anna ». Tout ceci sans compter tous les autres talents qui ont apporté leur pierre à l’édifice sous l’égide de Julien Lebart (Florian Vidal, Carole Boudou-Serra, Mélody Giot, Jean-Paul Homs, Sébastien Barbé, Olivier Marques, Georges Valls et Daniel Serres).

«De la Terre et du Cœur » c’est une affaire de copains, comme d’habitude. Car Hugues, c’est le copain que tout le monde voudrait avoir. Son secret est de savoir attirer à lui les meilleures énergies dans une connivence de personnes qui certes sont de véritables amis mais qui sont passés maîtres dans leurs disciplines (Richard Serra à la guitare, Henri Serra à la basse, Stéphane Barbé à la trompette et accordéon, Jean-Luc Ambrigot à la batterie).

Cet album empreint d’un mélange de douceur, de nostalgie et de sérénité résonne comme un immense cri d’amour pour ce pays car Hugues dit de lui-même qu’il est un pagès (un « paysan » pour les non initiés du catalan) qui défendra bec et ongles ce bout de terre chère à son cœur. Il est issu d’une terre qui l’a construit, il a su y rester et il lui rend hommage tous les jours avec humilité, passion et constance…
Pour notre plus grand plaisir.

Daniel Gasull